Conférence-interview « Matinale de la disruption » avec Jean Michel Blanquer
Ministre de l’Éducation Nationale
Mardi 19 décembre 2017 à 8h00 à la CCI Paris Île-de-France – 27 avenue de Friedland – Paris 8e
Disrupter l’éducation : pourquoi, comment, jusqu’où ?
Les idées saillantes de la conférence
Débat sur l’éducation
Il est important de faire évoluer le débat sur l’éducation. En France, contrairement à d’autres pays européens, le débat est circulaire, appauvri, rien n’avance. On pose le débat en terme trop simpliste et faux. Le débat est de piètre qualité. Il n’y a pas de fatalité à tourner en rond. En matière d’éducation on a perdu 20 ans. La presse n’aurait-elle pas une responsabilité ? On fait semblant de ne pas voir les problèmes !
Les progrès de la recherche dans le domaine des sciences cognitives sont gigantesques. Nous devons en tirer parti tout comme explorer ce qui fonctionne bien dans les autres pays (méthode de maths à Singapour, fusionner certaines matières comme en Scandinavie pour articuler les connaissances et donner du sens aux enseignements)
L’école – apprentissages
L’école doit instruire mais aussi développer les savoirs être
On ne peut opposer lire – écrire – compter ET la culture
Pour accéder à la culture, il faut avoir ces outils
Il est aussi essentiel de savoir « apprendre à apprendre »
Les élèves ont besoin de travailler ensemble sur des projets (culturels notamment)
La notion d’effort et de plaisir sont liés. L’école doit en être le reflet. L’apprentissage se fait dans l’effort mais doit aussi laisser la place au plaisir.
Formation tout au long de la vie = faire en sorte qu’apprendre à l’école amène à du bonheur et du plaisir pour qu’on puisse se former tout au long de sa vie professionnelle dans un contexte d’évolution positive !
Tout apprentissage doit être une ouverture (pas un monde fini)
L’accès à la connaissance doit être un état d’esprit, doit ouvrir à d’autres sphères et ne pas enfermer (revoir la question de l’erreur)
A ce titre, l’entreprise tâtonne en termes de formation – les métiers se transforment et l’entreprise doit comme l’école ouvrir le champ de l’expérimentation.
Le rôle des parents
Nécessité d’associer les parents à l’école (« la malette des parents ») pour faire converger les valeurs des familles et les valeurs de l’école (l’école transmet aussi des valeurs) = c’est une clé de la réussite scolaire des enfants mais aussi de l’école
En matière de lecture, on se rend compte que les enfants qui ont du mal dans les apprentissages n’ont pas de famille susceptibles de les guider
Les femmes (le ministre a été interrogé par une jeune étudiante ingénieur à l’ESIEE)
Les femmes et la science = pas de fatalité là non plus, il nous faut une politique volontariste envers les femmes
L’inhibition des filles est un facteur = il faut leur parler de carrière scientifiques, pour qu’elles choisissent ces filières par goût.
La France est en retard dans la production de jeunes scientifiques – l’idée de mettre en place des pré-recrutement, ou encore de mettre en place des bourses et des financements et diversifier les provenances sociales des jeunes qui choisissent les filières scientifiques.
L’autonomie
Elle concerne l’école, le groupe et l’individu. Elle doit être progressive et se construire.
Le monde adulte doit être exemplaire – il faut sortir de l’autorité verticale mais passer à la responsabilisation et créer une logique d’autonomie des communautés et des individus.
Une autonomie des établissements = cela passe par davantage de moyens pour les établissements en difficultés avec un accompagnement plus fort et plus d’autonomie pour ceux qui fonctionnent.
Pour les enfants en difficultés, il est important d’apporter un soutien accru et de prévoir un parcours plus personnalisé. Les technologies et le numérique peuvent être au service de ce parcours personnalisé
A la rentrée 2018 = des ambitions
· politique culturelle à l’école =
2h d’option chorale
· réforme du bac et au lycée = encore des choses à préciser – round de concertation – objectif : pour avoir un parcours plus individualisé (3 mots clés = savoir – confiance – exigence ; éviter 3 ans après 60% d’échec en licence) ; 2 profs principaux pour une classe ; un conseil de classe qui soit un vrai moment d’orientation
· réforme du lycée professionnel
· réforme de l’apprentissage
Autres remarques = faire le tri entre les manuels scolaires (il y en a des bons et des mauvais, ce qui ne remet pas en cause la liberté éditoriale) – enseigner les algorithmes au CP, cela relève de la logique et des maths !